Pionnier de la vie
gay nancéenne dans les années 70
Comme dans beaucoup de villes en France,
c'est dans les années 70 que la vie gay nancéenne est apparue au grand
jour. A cette époque, il fallait une certaine dose de courage pour
afficher son homosexualité et davantage encore pour créer un
établissement ouvertement gay dans un environnement qui était
totalement hostile. Dans chaque ville, des hommes et des femmes
courageux se sont lancés dans cette aventure qui, avant d'être
commerciale, était avant tout militante. A Nancy, un homme a osé
franchir le pas en créant la première discothèque gay de la ville en
1975. Jean-Pierre Lumann ouvre son établissement en haut de la rue des
Maréchaux : Le Rocambole. Ce bar-discothèque sera un "refuge" pour les
homosexuels nancéens qui peuvent enfin exprimer leurs sentiments,
s'embrasser ou simplement danser en public. Le Rocambole est un lieu de
fête grâce à la magie de Jean-Pierre qui sait décontracter la
clientèle, notamment avec les fameuses danses du tapis qui animent
aussi à cette époque quelques discothèques parisiennes comme le
Scaramouche ou le Club 18. Le Rocambole sera aussi le premier
établissement nancéen à organiser des spectacles de travestis.
Jean-Pierre Lumann connaît le succès et très vite il sera imité et
d'autres bars gay ouvriront à Nancy. Il tient le Rocambole jusqu'à la
fin des années 70 et le revend. L'endroit perdra alors sa spécificité.
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Mais notre homme n'en reste
pas là : il rachète alors un grand restaurant, le Ferry III, qui, avec
son labyrinthe de caves voûtées du XIIIe siècle et d'oubliettes, sera
aussi un endroit prisé des homos dans les années 80. Là aussi, le
succès est au rendez-vous. Jean-Pierre Lumann rachète alors la plus
grande et la plus belle brasserie de Nancy située sur la place Thiers :
L'Excelsior. Dans un décors début de siècle magnifiquement restauré,
l'Excelsior sera un des rares restaurants à servir très tard dans la
nuit, pour l'après-spectacle. Cette frénésie de créateur se poursuivra,
car il rachètera en rendant célèbre une autre brasserie sur la place
Vaudémont pas très loin de la place Stanislas : Le Vaudémont. Là aussi,
il sait s'entourer et il embauche de beaux garçons pour assurer le
service. L'endroit est connu de tout le Nancy gay de l'époque. C'est à
la fin des années 80 que Jean-Pierre décide de quitter Nancy. Il
partira pour le Maroc où il continuera de créer des établissements.
Malheureusement, il ne reverra jamais plus Nancy car il disparaîtra
dans les années 90, emporté par le sida.
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Photo Petit Futé Nancy 1985
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