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Editorial de juin 2004 de Monsieur Rausch, maire de Metz, dans le journal municipal

Pour une fois que le journal municipal "Vivre à Metz" écrit dans ses colonnes le mot "homosexuel" et que le maire exprime au grand jour son opinion sur le sujet de l'homosexualité, nous ne pouvions pas ne pas faire part de cet événement aux gays et lesbiennes de Metz. Aussi nous avons décidé de reproduire intégralement cet éditorial sans esprit polémique, sans commentaire sur le fond mais avec simplement le rappel de quelques faits qui peuvent éclairer le sujet.

"Vivre à Metz - Juin 2004

Lors du premier congrès du parti socialiste à Valence après l'élection de François Mitterrand en 1981, l'un des dirigeants avait déclaré en s'adressant à la droite : "Vous êtes politiquement minoritaire donc vous avez juridiquement tort".
Je crois que cette déclaration est attribuée à André Laignel et elle s'inscrivait dans la droite ligne de Paul Quilès qui voulait "faire tomber des têtes".
A cette époque, pas si lointaine, il n'était donc pas question de donner des droits aux minorités.
Mais depuis 20 ans, l'attitude a changé et on a tendance, surtout si l'on est de gauche, à afficher une tolérance de plus en plus forte pour l'action de ces minorités appelée à faire évoluer notre comportement.
Cette action est-elle approuvée par la très grande majorité ?
Cela commence par le non respect d'un certain nombre d'arrêtés et de lois, en passant par des manifestations risquant de devenir de plus en plus violentes et cela se termine par des poseurs de bombes qui veulent changer le monde par la force et la terreur.
J'ai le plus grand respect pour les syndicats qui défendent le droit au travail, pour les Corses qui se sentent des éléments à part entière de la nation, pour les Israéliens et les Palestiniens qui défendent la terre de leurs ancêtres, pour les homosexuels qui souhaitent vivre autrement et dont la différence est admise par le plus grand nombre.
Que les manifestations se déroulent dans le calme et dans le respect de la grande majorité des citoyens qui ne cherchent à imposer leur mode de vie à personne.
Mais je m'opposerai toujours à la gêne et à la provocation que causent volontairement ceux qui veulent transgresser la loi sous toutes ses formes et je n'hésiterai pas à m'opposer, dans la limite de mes moyens de maire, à tous ceux qui voudront créer le désordre en ville.

Jean-Marie RAUSCH
Maire de Metz"

Pour faire suite à cet éditorial du maire de Metz, Lorraine Gay souhaite simplement rappeler quelques faits.

"A cette époque (1981) il n'était pas question de donner des droits aux minorités" :
Nous ne citerons que 4 événements très précis :
- 18 juillet 1960 : Le député messin de droite Paul MIRGUET, par ailleurs membre de la majorité du Conseil municipal de Metz, fait voter au parlement français une loi rangeant l'homosexualité au rang des "fléaux sociaux". Cette loi permettra à notre République de renforcer les lois discriminatoires et homophobes prises par l'Etat français en 1942 à Vichy.
- juin 1981 : A peine en place, le nouveau gouvernement socialiste interdit le fichage des homosexuels et fait retirer l'homosexualité de la liste des maladies mentales.
- 4 août 1981 : L'article 331.2 est aboli par le nouveau Parlement (majorité PS et PC) : L'homosexualité n'est plus un délit et on donne enfin le droit à la minorité homosexuelle de vivre à visage découvert.
- 4 août 1982 : La discrimination entre homosexuels et hétérosexuels concernant l'âge de la majorité sexuelle est abolie.

"Vous êtes politiquement minoritaire donc vous avez juridiquement tort".
Plutôt que de reprendre une citation attribuée approximativement à un "gauchiste" inconnu du grand public, nous rappellerons simplement que c'est probablement pour cette intolérance des hommes politiques socialistes que M. Rausch, tout en étant à droite, a fait partie d'un gouvernement de gauche de juin 1988 à octobre 92.

"des manifestations risquant de devenir de plus en plus violentes"
Depuis la première GayPride française de 1977, il n'y a jamais eu la moindre violence, la moindre casse liée à cette manifestation et probablement même pas un doigt de pied écrasé (à vérifier). Bien au contraire, l'aspect non violent et festif a été repris depuis par toutes les organisations syndicales ou politiques qui ont compris grâce aux gays qu'on peut manifester sans violence et sans haine tout en faisant avancer ses revendications.

"cela se termine par des poseurs de bombes qui veulent changer le monde par la force et la terreur."
Malgré nos recherches nous n'avons trouvé aucune trace dans le monde et dans l'histoire depuis l'origine de l'homme, d'activiste homosexuel voulant changer le monde par la force et la terreur, en posant des bombes. En revanche nous avons bien à l'esprit les 210 alsaciens et mosellans qui ont été déportés durant la guerre en camp de concentration uniquement en raison de leur homosexualité et dont on refuse toujours d'honorer la mémoire. Nous avons aussi une pensée pour les homosexuels qui se sont fait agresser impunément dans notre ville et notre région durant des années sans que personne ne s'en émeuve et en particulier pour Jean-Pierre Humblot qui s'est fait assassiner l'année dernière à Nancy en raison de son orientation sexuelle.

"J'ai le plus grand respect pour les homosexuels qui souhaitent vivre autrement et dont la différence est admise par le plus grand nombre."
Question : les homosexuels qui souhaitent vivre et aimer comme tout le monde sans mettre en avant leur différence sont ils moins respectables ?

"Je m'opposerai toujours à la gêne et à la provocation que causent volontairement ceux qui veulent transgresser la loi sous toutes ses formes et je n'hésiterai pas à m'opposer, dans la limite de mes moyens de maire, à tous ceux qui voudront créer le désordre en ville."

Lorraine Gay rappelle que la première GayPride Lorraine de 2003 s'était déroulée dans les rues piétonnes de Metz sans le moindre incident et sans aucun désordre et avec plutôt une certaine sympathie et bienveillance amusée de la population. Lors de la deuxième GayPride de cette année 2004, le nouvel arrêté municipal interdisant les véhicules dans le secteur piétonnier a été scrupuleusement respecté et il n'y a pas eu le moindre incident ou désordre.


Image du désordre de la Gaypride Lorraine 2004

© lorraine gay juin 2004