Lorraine Gay

 


 

Lesbienne et Lorraine

Si à Paris, les bars lesbiens existent depuis les années 20, il faut bien avouer que la province est plutôt pauvre en établissements spécialisés pour les filles qui aiment les filles.

PARTICULARISME
Est ce propre à la nature féminine, à des modes de vie et de rencontres différents, ou à la difficulté d'émerger dans une société hétéro-sexiste et machiste ? Quelque soit la réponse, il faut bien reconnaître que les lieux de rencontre pour les lesbiennes sont rares. A Paris, il existe une petite dizaine de discothèques et bars exclusifs pour lesbiennes alors que les bars de mecs se comptent maintenant par dizaines et approchent les 200. En province, c'est encore pire. Il existe très peu d'établissements réservés exclusivement aux filles et les établissements gays sont souvent majoritairement envahis par les garçons quand ils ne leur sont pas réservés exclusivement. S'il est vrai que la drague entre mecs a ses codes et ses lieux (saunas, parcs, pissotières, bars, backroom, sex-shop, ciné porno...), la drague entre filles est beaucoup plus subtile et discrète. Les rencontres se font plus facilement dans la vie de tous les jours sans avoir recourt à tous les artifices masculins. Il faut dire aussi que la lesbienne est souvent un objet de fantasme pour le mâle hétéro qui rêve de faire l'amour avec deux filles ou de mater les filles faisant l'amour entre elles. Les bars de filles qui ont pignon sur rue attirent souvent les mâles hétéros qui y voient des terrains de chasse sans concurrence. Les lieux lesbiens exclusifs sont obligés de se protéger voire même de se cacher pour pouvoir survivre.

HISTOIRE DES LIEUX POUR LESBIENNES EN LORRAINE
Si les bars ouvertement gay ont commencé leur apparition en Lorraine à la fin des années 70, il n'y a jamais eu véritablement de bars lesbiens exclusifs et permanents dans notre région avant les années 2000. Généralement les boites gay de la région ont toujours été ouvertes aussi aux lesbiennes, mais elles n'y ont jamais été majoritaires. Chaque tentative a été de courte durée. Très souvent la première clientèle d'un nouveau lieu gay est souvent majoritairement lesbienne mais très vite, l'établissement joue la sécurité en privilégiant l'accueil des mecs qui sortent probablement davantage, y compris en semaine. En revanche, chaque génération de lesbiennes lorraines a le souvenir de lieux discrets où les filles aimaient se retrouver. La lorraine a gardé un certain goût très germanique pour les salons de thé. A Metz, en Moselle, peut-être plus qu'à Nancy, les lesbiennes ont toujours eu leurs habitudes dans certains salons-de-thé de la ville. Ces établissements ont souvent été tenus par des couples de filles et la tradition demeure encore. Là encore, si la clientèle est quasi exclusivement féminine, il n'y a jamais d'exhubérence et de démonstrations. Quelle fille ne se souvient plus dans les années 80 de ce petit salon de thé discret de la rue des Piques à Metz, les Amandines, ou de ce petit restaurant sympa de la rue Vigne Saint-Avold, l'Andaloucia, tenu par deux femmes ? Beaucoup d'établissements de ce genre existent encore mais préfèrent ne pas se considérer comme des lieux gay, à la fois par ouverture d'esprit mais aussi par prudence, pour ne pas attirer la curiosité malsaine de nos dragueurs hétéros en chasse. Le bouche à oreille reste encore le meilleur guide pour les filles en quêtes de rencontres.

AU DEBUT DES ANNEES 2000.
Metz, Nancy, Luxembourg et Sarrebruck ont vu leurs premiers bars lesbiens ouvrir. A Metz, c'est "Le Premier" qui attire les filles de toute la région. A Nancy, le Dédicaces et le Coct'au, même s'ils ne sont pas exclusivement lesbiens, sont tenus par des lesbiennes et leur clientèle est majoritairement féminine. A Sarrebruck, c'est le Sappho, et à Luxembourg, "Chez Suzy". Les asoociations gay de la région deviennent des associations LGBT. Couleurs Gaies, Homonyme, LSVD ou Rosa Lëtzebuerg ont chacune une section fille. A Nancy, une association lesbienne non mixte rassemble les filles de toute la Lorraine, c'est LesbienNées.

 

 

 

dossier réalisé en janvier 2004


 

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