Lorraine Gay


 

GAYPRIDE LORRAINE 2005

 

Plate-forme des revendications de la GayPride Lorraine 2005 :

Lesbienne, Gay, Bi, Trans,
PAS D'EGALITE AU RABAIS
DANS LA LOI COMME DANS LES MENTALITES !

En votant le jeudi 21 avril pour l'ouverture du mariage civil et de l'adoption aux couples de même sexe, le Congrès des députés espagnols a donné un exemple de courage politique. Le gouvernement de ce pays, quant à lui, a fait preuve d'intégrité en réalisant rapidement et avec conviction une des ses promesses électorales. Ce faisant, il a dû remettre la morale religieuse, relayée par un puissant lobby catholique, à sa juste place, c'est à dire au rang des philosophies strictement privées qui n'ont pas à intervenir dans le champ de la politique.

En France, il a fallu dix ans de lutte pour obtenir, avec le PaCS, un début de reconnaissance des unions entre personnes de même sexe. Il a fallu cinq ans et une succession d'agressions gravissimes pour voir aboutir un dispositif législatif pénalisant les discours d'incitation à la haine envers les homosexuel-le-s, mais pas encore envers les transsexuel-le-s. Combien de temps les Lesbiennes, les Gays, les Bi et les Trans devront-ils attendre encore pour obtenir une égalité juridique pleine et entière ? Tant que la loi n'aura pas aboli les inégalités fondées sur l'orientation sexuelle et l'identité de genre, l'évolution des mentalités vers plus de respect et de compréhension ne trouvera pas sa légitimité et son vrai souffle.

L'Europe saura-t-elle suivre les élans de ses états les plus progressistes afin d'apporter plus d'égalité entre tous ses citoyens ?

Pour un dispositif efficace de lutte contre les discriminations !

La loi instituant la Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations et la promotion de l'Egalité (HALDE) a été adoptée par le Parlement le 30 décembre 2004 et promulguée au Journal officiel le 31 décembre 2004. Cette loi inclut des articles visant à comdamner l'incitation à la discrimination et à la haine envers un groupe de personnes en raison de leur orientation sexuelle rélle ou présumée. Elle ouvre la posibilité pour nos associations de se porter partie civile dans ce genre de délit. Par conséquent, cette loi satisfait en partie les revendications portées par le Collectif en 2003 et en 2004 au sujet de la lutte contre les discriminations. Elle est à mettre au crédit du gouvernement actuel. Cependant, nous n'oublierons pas que les textes législatifs renforcant la lutte contre l'homphobie ont manqué d'être rejetés puis vidés de leur contenu à la suite de manoeuvres indécentes d'une partie de la majorité parlementaire et d'une campagne de désinformation scandaleuse orchestrée par le lobby des patrons de presse et la Conférence des évêques de France au sujet du soit-disant caractère liberticide de cette loi.

Le décret d'application de la HALDE a été publié au Journal officiel le 6 mars 2005. Dans ces conditions, il est encore difficile de porter un jugement sur l'efficacité réelle de ce nouveau dispositif de lutte contre les discriminations. Néanmoins, pour que cette Haute Autorité ne soit pas un simple alibi, nous demandons dors et déjà :

1. que le Comité consultatif de la HALDE ait la capacité de se saisir lui-même et qu'il soit composé de personnalités qualifiées en nombre suffisant et issues, notamment, des associations et des syndicats ayant une expérience dans le domaine de la lutte contre les discriminations.

2. que les services de la HALDE travaillent en étroite collaboration avec les Commisions pour la Promotion de l'Egalité des chances et de la Citoyenneté (COPEC) qui sont censées relayer au niveau départemental le dispositif de lutte contre les discriminations, en partenariat avec les acteurs institutionnels publics et privés. Le bon fonctionnement de ce relais institutionel est capital pour que les associations puissent informer et orienter efficacement les victimes qui sollicitent leur aide. Or, bien que la création des COPEC ait été demandée par une circulaire en date du 20 septembre 2004, aucune des associations LGBT de Lorraine en Meurthe-et-Moselle) n'a été, à ce jour, associée au travail de la commission de son département (à l'exception de l'une d'entre elles qui a été invitée pour septembre à présenter ses activités aux membres actuels de la COPEC 54).

Pour une véritable éducation au respect !

Les résultats préliminaires d'une enquête épidémiologique française, publiés dans un article du Journal Libération en date du 4 mars 2005, ont révélé que les jeunes homo-bisexuel-le-s ont treize fois plus de risque de commettre une tentative de suicide que les jeunes hétérosexuel-le-s de la même tranche d'âge. Ces chiffres ne nous surprennent pas car ils font écho à notre vécu associatif et viennent confirmer les résultats d'une dizaine d'autres enquêtes menées en France et à l'étranger . Devant ce problème de santé publique, la frilosité et l'inertie de l'Education nationale nous indigne. Malgré les consignes du Bulletin officiel de l'Education nationale du 29 novembre 2001 et du 17 février 2003 qui préconisent d'intégrer la lutte contre les préjugés homophobes et sexistes aux campagnes de lutte contre les discriminations, rien ou presque n'est réalisé dans ce sens dans les établissements scolaires.

C'est pourquoi, nous demandons au Rectorat de l'Académie Nancy-Metz de prendre ses responsabilité :

1. en autorisant explicitement le personnel en charge de la santé et du social dans les établissements d'afficher le numéro vert de la seule ligne d'écoute nationale spécialisée dans les questions d'orientations sexuelles.

2. en donnant l'agrément aux associations LGBT lorraines qui ont fait la preuve de leur capacité pédagogique à intervenir en milieu scolaire dans le cadre de l'éducation à la sexualité ou de la lutte contre les discriminations.

Pour une véritable reconnaissance de la déportation pour motif d'homosexualité !

Depuis la publication le 15 novembre 2001 d'un rapport de la Fondation pour la mémoire de la déportation, la déportation des homosexuels effectuée durant la Seconde Guerre mondiale à partir de la France est un fait historique incontestable. A cause notamment des fichiers de police établis par la République française, 210 personnes au moins, dont 206 habitaient les départements annexés d'Alsace et de Moselle, ont été victimes de la barbarie nazie. Leur nombre réel est sans doute bien supérieur, mais plus d'un demi siècle d'opprobre a étouffé la voix des témoins. Le motif de déportation pour homosexualité, pourtant connu des autorités, a été occulté pendant 50 ans.

Aujourd'hui, en Allemagne, en Autriche et aux Pays-bas, les autorités ont reconnu la déportation des homosexuels dont la mémoire est préservée par des plaques commémoratives ou des monuments funéraires. En France, un début de reconnaissance s'est amorcée en 2001 lorsque le Premier Ministre de l'époque tint des propos explicites à ce sujet: " Nul ne doit rester à l'écart de cette entreprise de mémoire. Il est important que notre pays reconnaisse pleinement les persécutions perpétrées durant l'occupation contre certaines minorités, les réfugiés espagnols, les tziganes ou les homosexuels ". Le 24 avril 2005, lors de la cérémonie nationale du souvenir des victimes et des héros de la déportation, le Président de la République a rappelé dans son discours que certains " que leur vie personnelle distinguait ", comme les homosexuels, furent " poursuivis, arrêtés, déportés ".

Nous considérons que les discours ponctuels d'un Président de la République et d'un Premier Ministre ne suffisent pas à compenser 50 ans de déni historique, ni à honorer la mémoire des 210 Français déportés pour motif d'homosexualité. Afin que les cérémonies de la Journée nationale du souvenir de la déportation rendent hommage à tous les déportés et qu'elles transmettent une mémoire exhaustive, nous demandons :

1. que soient cités dans les discours officiels l'ensemble des motifs de déportation ;

2. que les associations LGBT soient invitées aux cérémonies officielles de commémoration ;

3. et que les recherches historiques, entreprises notamment par la Fondation pour la mémoire de la déportation, soient poursuivies.

Pour l'égalité juridique !

La République se doit d'assurer l'égalité entre les citoyens. Or, force est de constater que les homosexuel-le-s ne sont pas " aussi égaux " devant la loi que les hétérosexuel-le-s.

POUR UN MARIAGE CIVIL OUVERT A TOUS LES COUPLES :

Si les couples de même sexe sont enfin sortis de la clandestinité juridique avec le PACS, le droit ne leur propose toujours pas le même choix de mode de reconnaissance. En effet, là où les couples hétérosexuels peuvent choisir entre concubinage, PACS et mariage, ce dernier est toujours refusé aux couples de même sexe. Au moment où Nancy fête le siècle des Lumières, où la France célèbre la séparation de l'Eglise et de l'Etat, il est étonnant de constater que les arguments contre le mariage s'appuient sur d'obscures valeurs religieuses traditionalistes et un esprit passéiste et renforce les discriminations envers les citoyens.

Nous demandons donc l'égale reconnaissance de tous les couples, ainsi que cela est le cas chez nos voisins européens, en Espagne, en Belgique et aux Pays Bas.

POUR UNE RECONNAISSANCE LEGALE DE L'HOMOPARENTALITE :

Les discours réticents ou opposés à l'homoparentalité ne sont basés que sur des préjugés dictés par une morale conservatrice et ne se fondent pas sur les faits. En effet, de nombreuses études démontrent que l'éducation d'un enfant par un couple du même sexe n'est nullement génératrice de traumatisme. La fonction de séparation et la constitution de l'identité sexuelle s'y déroulent de la même manière que dans une famille hétéro-parentale.

Pour l'égalité dans les procédures d'adoption par les homosexuels :

On estime entre 88 000 et 440 00 le nombre de mères lesbiennes en France et à plus de 6 millions les enfants de parents gays et lesbiens . Dans ces familles, l'adoption et l'accès à l'autorité parentale sont interdits au co-parent. En conséquence, ni le co-parent, ni les enfants ne sont protégés et reconnus, dans les actes de la vie quotidienne (l'école, la santé, É) ainsi qu'en cas de séparation du couple ou de décès du parent légal qui assurait jusqu'ici le lien avec l'enfant. Nous demandons la possibilité pour tous d'adopter les enfants de son conjoint.

Par ailleurs, en dépit d'un certain nombre de déclarations d'intention, l'agrément pour l'adoption est quasi systématiquement refusé aux homosexuel(le)s, qu'ils soient célibataires ou en couple. Nous demandons que la sexualité des adoptants ne soit effectivement plus un frein à l'adoption pour les couples homosexuels et les célibataires homosexuel-le-s.

Pour le respect des droits des parents divorcés :

On constate que la proportion de femmes homosexuelles qui se voient refuser les droits de garde et de visite de leurs enfants après la séparation avec le père est bien supérieure à la moyenne. On peut facilement imaginer la situation des pères homosexuelsÉ Nous demandons le strict respect de l'arrêt du 21/12/1999 de la Cour Européenne des droits de l'homme, qui rend illicite de priver un parent de ces droits, au motif avoué ou non avoué de son homosexualité.

Pour l'accès à la procréation médicalement assistée sans discrimination liée à l'orientation ou à l'identité sexuelle des candidats à la parentalité :

Loi du 29 juillet 1994, dite " Loi bioéthique ", Art. L. 152-2. &endash; " L'assistance médicale à la procréation est destinée à répondre à la demande parentale d'un couple. (É) L'homme et la femme formant le couple doivent être vivants, en âge de procréer, mariés ou en mesure d'apporter la preuve d'une vie commune d'au moins deux ans et consentants préalablement au transfert des embryons ou à l'insémination. ". Limiter la notion de couple à " un homme et une femme " est une négation du couple homosexuel. Cette discrimination n'a pas de justification dans le cadre de cette loi, dont le but est de protéger l'intégrité humaine.

Nous demandons que le droit à la PMA soit ouvert également aux couples homosexuels ainsi qu'aux célibataires et ne repose plus que sur l'engagement des personnes à devenir parent.

Pour la dignité des personnes transsexuelles !

Niées, stigmatisées, discriminées, les personnes transsexuelles sont aujourd'hui la dernière catégorie pathologiséeÉ vingt ans après le retrait de l'homosexualité de la nomenclature des maladies mentales !

Les Trans, MtF (homme vers femme) ou FtM (femme vers homme) sont confrontés à des problèmes majeurs dans leur vie quotidienneÉ Imagine-t-on ce que c'est de vivre avec des papiers d'identité, une dénomination qui ne correspondent plus à son mode de vie et à son apparence ? Pour passer un concours ? Pour postuler à un emploi ? Pour voter ? Pour signer un bail ? Pour présenter ses papiers lors d'un règlement par chèque ? Pour effectuer la moindre démarche de la vie courante ?

En s'appuyant sur la directive européenne de 1989, nous revendiquons, en particulier :

1. le retrait immédiat de la trans-identité de la nosographie psychiatrique (Dans une démocratie, la différence ne doit plus être considérée comme une maladie mentale ! ) ;

2. un accompagnement médical respectueux de la personne humaine, non stigmatisant, et le remboursement des soins et des opérations dans toute l'union européenne, et hors U.E., la France n'offrant pas actuellement une prise en charge de qualité acceptable ;

3. le respect de la vie privée des personnes Trans, le droit au changement du prénom et de la mention du sexe sur les documents d'état civil et autres documents sur demande de la personne concernée (Le refuser c'est, de fait, violer la vie privée des personnes transsexuelles !) ;

4. le maintien des droits parentaux et le droit à l'adoption pour les transsexuel-le-s.

 

 

GayPride Lorraine 2005

 


page précédente

Retour sommaire GayPride

page suivante

page précédente

page suivante