Lorraine Gay


 

GAYPRIDE LORRAINE 2005

 

Discours officiels 2005


Discours de l'association Trans Aide - Lorraine
Stéphanie NICOT, Présidente de l'association.


C'est la première fois, en Lorraine, et pour nous c'est quelque chose d'extrêmement émouvant, que les transsexuelles ne sont pas quelques unes, cachées dans la foule, mais qu'elles ont la fierté, pour la première fois, d'être là avec leur banderole : "Pas de psychiatrisation des Trans" et avec leur association, créée en septembre dernier : Trans Aide.

Nous sommes particulièrement fier(e)s et heureux(ses) d'être aujourd'hui avec vous tous, gay, bi, lesbiennes et aussi hétérosexuel(le)s. Nous sommes fières aujourd'hui car ce que vous ignorez, ce qu'ignorent la plupart de nos concitoyens et concitoyennes, c'est le véritable martyrologe que les Trans ont subi et continuent de subir en France. Ce martyrologe, il repose d'abord sur une agression que vous, gay et lesbiennes avez subi durant tant d'années. C'est l'insulte fondamentale qui nous est faite. Cette insulte, c'est de nous traiter de malades mentales. C'est de nous psychiatriser. C'est de considérer que lorsqu'on naît garçon ou fille et que psychiquement on se sent autrement, qu'on n'a pas le droit de changer son corps pour se sentir mieux dans sa peau, pour se sentir épanoui(e) dans le sexe qu'on s'est choisi.

Il était temps que dans ce pays - ça se passe en Lorraine, ça se passe aussi avec nos amis(e)s de STS Strasbourg, ça se passe dans de nombreuses villes où se créent des associations Trans en ce moment - nous puissions parler librement de cette véritable persécution à deux niveaux : psychiatrique et d'Etat.

 

- Persécution médicalo-psychiatrique.

Ça ne concerne pas tout le corps médical, il faut saluer ici les médecins, endocrinos et également quelques psys ouverts qui ont le respect des individus et qui, eux, ne violent pas le serment d'hippocrate, mais condamner et dénoncer, au nom de toutes les personnes Trans, dont certaines en sont mortes, l'arriération morale, mentale de la psychiatrie française.

Cette psychiatrie qui pousse des Trans au suicide aujourd'hui encore, qui, en 2003, en a passé aux électrochocs, et qui tente de nous imposer parce que nous nous sentons d'un genre différent de notre sexe de naissance, de nous imposer des soins psychiatriques, répressifs, obligatoires que nous refusons.

Et cette transphobie se traduit par la tentative d'imposer un protocole officiel, honteux, discriminatoire, répressif, normatif, le même qui est appliqué par les ayatollahs en Iran pour les transsexuel(le)s. C'est pour vous dire l'arriération de ce corps médical, national français, soi-disant spécialiste des Trans.

 

- La transphobie d'Etat. C'est le pire. Savez-vous qu'aujourd'hui deux Trans tentent de se marier : l'une est reconnue comme femme, elle a ses papiers d'identité, il paraît que c'est le critère pour être une femme, et l'autre, on les lui refuse, parce qu'elle n'est pas opérée - c'est aussi une discrimination grotesque que de regarder ce qu'on a sous nos jupes. L'Etat s'occupe vraiment de ce qui ne le regarde pas dans ce pays. On tente de les empêcher de se marier, parce qu'elles sont Trans, alors que l'une est officiellement un garçon. Quand ça les arrange, on nous dénie le droit d'être reconnu(e)s comme ce que nous sommes devenu(e)s, des garçons ou des filles, et quand ça les arrange, on ne reconnaît pas le sexe, revendiqué, celui des Trans.

Aujourd'hui nous réclamons, avec l'ensemble du mouvement LGBT, tout simplement qu'on applique cette règle élémentaire qui est que les êtres humains naissent libres et égaux en droit. Ce droit fondamental n'est pas appliqué aux gays et lesbiennes concernant le mariage ou l'adoption et il n'est pas appliqué aux Trans sur quoique ce soit. Je dis aujourd'hui devant vous tous et pour plein d'amis qui sont ici et qui défilaient tout à l'heure, ainsi qu'a ceux et celles qui n'osent pas encore se montrer : on peut être Trans (homme vers femme ou femme vers homme), libre, heureux(ses) et fier(e)s à condition de se battre, et durement, contre cette transphobie officielle.

Nous voulons aujourd'hui sortir totalement de la nosographie psychiatrique et que la transsexualité soit admise comme une différence et non pas comme une maladie mentale. Nous demandons et exigeons que nous soit appliquée l'égalité des droits, que l'Etat accepte que toute personne qui vit en état d'identité masculine même si elle est d'origine féminine et réciproquement, puisse avoir des papiers qui lui permettent de s'insérer normalement, de travailler normalement, de vivre normalement. Aujourd'hui les Trans parlent, agissent et s'organisent avec vous gay, bi, lesbiennes, hétéros ouverts : nous obtiendrons l'égalité des droits.

 

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